D’après les prévisions du ministère du Tourisme et de l’Artisanat, l’on s’attend, en 2025, à l’arrivée de 50 mille touristes chinois, contre 30 mille précédemment.
Près de 150 millions de Chinois ont voyagé dans le monde en 2023, rapporte l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), contre 120 millions en 2016. L’organisme onusien table, d’ailleurs, sur une meilleure progression de ce marché, à partir de l’année prochaine.
Parmi ces 150 millions d’âmes, combien la Tunisie a-t-elle attiré ? Seulement 30 mille, répond-on au ministère du Tourisme et de l’Artisanat où l’on fait état d’une remarquable hausse de 60% par rapport à 2022. Maigrichon, diriez-vous? Oui et non. Oui, si on se prête au jeu des comparaisons avec les trois pays africains les plus visités par les touristes, à savoir, par ordre de classement, l’Afrique du Sud, l’Egypte et le Maroc qui nous devancent largement, en termes de nombre d’arrivées et de recettes. Non, et cela pour au moins deux raisons. Primo, contrairement à ces trois pays, la Tunisie n’a pas encore établi une liaison aérienne directe avec la Chine, ce qui se répercute négativement sur le flux du trafic entre les deux nations. Secundo, les arrivées des touristes chinois dans nos contrées étaient, avant 2011, très réduites, presque insignifiantes. Il a fallu attendre le 15 février 2017 pour voir leur nombre exploser (+400%), grâce à l’organisation du premier vol charter coïncidant avec la suppression du visa. Tout cela pour dire que la marge de progression entre le passé et le présent est tout simplement immense.
Perspectives prometteuses
Depuis, plus rien ne ternira l’embellie. En ce sens que la Chine a, en 2022, choisi la station balnéaire de Hammamet pour tenir sa très médiatisée «Conférence régionale sino-africaine des villes touristiques». Le mois dernier a apporté une pierre à l’édifice, à la faveur de la visite à Pékin du ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Soufiane Tekaya, qui a, à l’occasion, entre autres activités, inauguré le pavillon tunisien participant à «l’Exposition internationale de voyage et de tourisme en Chine» (Cottm). Cinq jours après, nos amis chinois envoient en Tunisie une forte délégation d’experts dans les domaines du patrimoine et du tourisme.
En somme, l’intensité de ce ballet d’échanges donne immanquablement à aspirer à des lendemains florissants pour la coopération entre les deux pays. «Une visite à marquer d’une pierre blanche», déclare le président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav), Ahmed Bettaïeb, membre de la délégation d’experts ayant accompagné le ministre à Pékin. «Nous avons mis à profit ce voyage pour tenir des séances de travail avec nos homologues chinois, afin d’intensifier les échanges de visites et d’expériences et de consolider les bases de la coopération touristique, à commencer par l’urgence de créer une ligne aérienne directe entre les deux pays qui reste la condition sine qua non de la facilitation du flux des touristes», affirme-t-il.
Cap sur le tourisme alternatif
Pour Hachemi Hsouna, vétéran du secteur : « Jouer la carte du marché chinois ne peut être que rentable et performant, étant donné les caractéristiques distinctives de ce marché dépensier certes, mais très exigeant en matière de prestations de services. Ma longue expérience m’a, en effet, permis de vérifier que les touristes chinois de par le monde préfèrent davantage le tourisme alternatif que celui balnéaire ou de masse». Et c’est vrai. D’autant plus vrai qu’au ministère du Tourisme, on ne fait pas mystère d’une volonté tenace de promouvoir le tourisme alternatif et durable dans nos murs. Et cela par la diversification des offres aux touristes qui peuvent dorénavant s’adonner, à cœur joie, à leurs activités de loisirs, à travers des créneaux tentants (découverte des gîtes ruraux, visites de sites antiques, randonnées équestres, raids sahariens, trekking, VTT…).
Tout cela est beau. Mais est-ce suffisant ? «Je pense que non», répond Saber Hassani, directeur commercial d’un hôtel à Gammarth. Il propose deux suggestions majeures: «Premièrement, il faut opter pour la réduction des tarifs de séjour dans les unités hôtelières, à l’instar de ce qui se passe chez nos principaux concurrents le Maroc et l’Egypte qui drainent beaucoup plus de visiteurs chinois que nous. Deuxièmement, il est absolument nécessaire de faciliter l’accomplissement des formalités, un passage obligé de contribuer au développement du tourisme alternatif et durable, vivement recommandé par l’OMT et la Cnuced». En attendant, le ministère de tutelle se veut optimiste concernant le marché chinois, en indiquant que les prévisions de 2025 tablent sur 50 mille arrivées. « Une chose est sûre : nous en accueillerons le double, voire le triple, en cas d’établissement d’une liaison aérienne directe entre les deux pays», promet, en ces termes, le président de la Ftav.